Des visages bouleversants de noblesse et de simplicité 

J’aime dévisager les visages. Les envisager comme des mondes à explorer, j’aime à en percer les secrets. Le regard qui les illumine surtout monopolise toute mon attention. Je me berce de l’illusion d’y lire à cœur ouvert. Je plonge dans ses mystérieux éclats et lui invente des vies, des aventures, des passions. J’aime les regards, et si l’on pouvait changer quelque chose d’un coup de baguette magique, dans ce monde de brouhahas, j’essaierai bien de supprimer la parole pour rendre aux regards un peu de leur pouvoir ancestral. Ne plus communiquer qu’à travers eux, ce serait revenir aux fondamentaux, et offrirait au silence une chance de reconquérir nos univers… 

Oui, j’aime les visages. Les visages d’où qu’ils soient, sans distinction d’aucune sorte. Leur singularité me rassure, et me trouble. Les visages que donne à rencontrer Antoine Schneck me fascinent à ce titre. Ils émergent de l’obscurité et leur beauté est une sorte d’enchantement. Ils sont bouleversants de simplicité et de noblesse ces visages à la peau presque noire. Et la façon de les soumettre à notre attention ajoute à l’émotion instantanée qu’ils procurent. 

« Le rapport au fond noir soustrait le personnage photographié aux supports que sont le décor, les expressions, la relation au monde et jusqu’au rapport avec le photographe lui-même, précise Antoine Schneck. Je cherche dans la lecture du visage, donné non pas dans on histoire mais dans son immanence, une sorte de révélation. Négation de la lumière en tant qu’écriture, mon travail a banni là toute charge, tout reflet parasite pour poser le visage dans sa nudité et son intériorité ». 

La photographie a su ici s’effacer pour ne nous livrer qu’une vision pure, dénuée de tout artifice, du personnage installé devant l’objectif. Le visage s’en trouve sublimé. Hypnotique sans doute, de par les couleurs et les éléments particuliers par lesquels le personnage a souhaité le personnaliser. Et incontestablement proche, inexplicablement familier... Et puis ce visage devient point de départ d’un voyage au long cours. Non pas seulement celui qui nous emmène sur-le-champ vers les paysages brûlés de l’Afrique, mais celui qui nous plonge au cœur d’une espèce, la nôtre, dont on réalise à travers ces photographies, qu’elle ne fait qu’une et une seule même famille. 
 
Galerie Berthet-Aittouarès, Paris 6e,  jusqu’au 24 juin 2017 

Dove - Antoine Schneck - galerie Berthet-Aittouarès

Dove - Antoine Schneck - galerie Berthet-Aittouarès

Retour à l'accueil