Francis-Olivier Brunet s'est éteint le 17 août à l'âge de 56 ans.

Hommage lui sera rendu lors du MIFAC (Marché International du Film sur les Artistes Contemporains) au Mans les 14, 15 et 16 septembre.

Voici le texte, qui résonne douloureusement, que nous avions publié dans le n°87 de Miroir de l'Art pour lequel une de ses peintures était en Une :

Sans doute un authentique artiste, tel que Francis-Olivier Brunet, possède-t-il au fond de lui cette aptitude singulière à percevoir à quel point l’instant présent, pour unique et intense qu’il puisse paraître au moment où l’on s’en enivre, sera l’instant suivant un souvenir qui ira s’estompant et que la mémoire ne réussira jamais à ressusciter tout à fait. 
Sans doute, fort de cette profonde intuition, puise-t-il en partie dans les bribes de cet instant évanoui ce qui sera l’essence même de son œuvre, conscient qu’il est de la fragilité de toute présence ici-bas, non pas seulement de sa propre finitude, mais conscient qu’il est de l’implacable mécanisme qui régit les êtres et les choses. 
Sans doute cette lucidité, lui servant d’aiguillon, l’incite à ne jamais lâcher la barre, à remettre toujours sur le métier ce que la vie lui a appris, tel Sisyphe hissant le lourd rocher vers le sommet de la montagne. 
De fait, sa peinture interroge notre rapport au temps comme à la vie. Chaque toile est l’expression d’un moment particulier, un flash dans la nuit, une petite seconde d’éternité qui vient témoigner au nom de toutes celles qui se sont perdues dans l’oubli. 
Chaque toile est un instant décisif que le peintre a voulu immortaliser, conscient, je l’ai dit, de ce que le temps est fugace – un claquement de doigt et tout disparait. 
Alors, voici cette vision nocturne de sapins ployant sous la cohorte de nuages chahutés, cette vision émerveillée de cimes enneigées en communion parfaite avec un ciel immense et lumineux, cette vision hallucinée d’un loup ulcéré par le vol innocent d’un papillon. 
Chaque peinture est hantée par la beauté fragile de notre monde. 
Au contraire de trop nombreux confrères, Francis- Olivier Brunet n’est pas l’homme d’un seul thème. Rien ne l’intéresse plus que de se confronter à un sujet qu’il n’a pas encore traité, et si les personnages, les animaux, les paysages traversent régulièrement son œuvre, il veille à les traiter chaque fois sous un angle nouveau. Immédiatement identifiable, chaque tableau est une sorte de bouteille à la mer, un message lancé à travers le temps qui dit la complexité de la vie, sa flagrante harmonie, sa vulnérabilité. 
Dans ce travail, le monde est un funambule en équilibre sur un filin tendu entre deux chimères, la vie et la mort, et il tangue, à deux doigts parfois de se précipiter dans le vide, en proie à des forces supérieures dont il n’a pas idée… 

Francis-Olivier Brunet, disparition d'un peintre majeur de notre temps
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