Sur le fond noir, un visage. Tel celui de la remarquable Hélène de Fougerolles (notre Une). Un tableau que l’on peut voir dans le film « Sommeil blanc », long métrage (2009) de Jean-Paul Guyon. Ce peut aussi être un corps. Ou des fragments de corps, un bras, un torse, une cuisse. Toujours sur un fond obscur, noir comme la suie, qui tranche avec l’éclat quelque peu surnaturel au cœur duquel se révèle une présence. Comme une apparition. Comme si l’artiste avait un bref instant embrasé la scène – le craquement d’une allumette, l’éclair d’un flash – avant de laisser la pénombre de la nuit la recouvrir. La nuit finit par avoir raison de tout, semble-t-il suggérer, mais il nous montre à quel point l’éclair d’un regard peut la vaincre parfois, même pour un temps très court. Voici donc la condition humaine perçue par Francis-Olivier Brunet, voici notre destin pris dans les rets du faisceau lumineux. « Dans ses peintures, les corps se révèlent comme des pulsions lointaines venues des commencements. Ces corps sont signifiés par une sûreté gestuelle, des couleurs réduites presque monochromes et des matières qui se superposent » écrit Véronique Philippe-Gache. Et force est de reconnaître que cette œuvre creuse au fond de l’image même du corps pour y dénicher l’âme originelle, ses pulsions secrètes, ses angoisses irraisonnées, son insondable solitude. Le propos est en effet essentiellement monochrome, parfois surligné de taches de couleurs. Monochrome parce que décidé à saisir au plus près la vérité de l’enjeu qui se révèle à nous, à fleur de toile : la vie oscille entre ombre et clarté et ne peut s’affranchir ni de l’une ni de l’autre.

 

Exposition visible du 27 mai au 19 juin à la galerie Mediart – Paris 3e

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